« Avoir accès à des activités de développement et de soins de la petite enfance et à une éducation préscolaire de qualité qui préparent [les enfants] à suivre un enseignement primaire » : Objectifs 4.2  des ODD (Objectifs du Développement Durable) pour 2030. Pourtant, c’est encore loin d’être le cas… Dans le monde, encore la moitié des enfants en âge préscolaire ne bénéficient pas de cette éducation. Cet écart reste encore plus visible dans les pays à faibles revenus, où 78% des enfants de 3 à 6 ans ne vont pas à la maternelle.

A l’origine de cela, plusieurs pistes :

  1. Le manque d’investissement dans le secteur

La piste la plus importante reste le manque élevé de fonds pour le domaine de l’éducation préscolaire. En effet, les gouvernements, qui doivent assumer en théorie le développement du secteur, préfèrent – souvent par manque de moyens – privilégier les autres secteurs de l’éducation (primaire, secondaire, etc.), ou encore d’autres domaine d’activité.

Ce n’est également pas une priorité pour les bailleurs de fonds internationaux, comme le prouvent les chiffres de l’aide au développement de ces dernières années. Par exemple, l’aide pour le préscolaire stagne depuis 2005, alors que celle pour l’enseignement secondaire a presque doublée[1]. Sur l’ensemble de l’enveloppe consacrée à l’éducation en 2017, seulement 0,5%, était en faveur de l’éducation préscolaire. C’était 0,8% en 2015[2].

L’aide consacrée à ce secteur est donc en déclin. De plus en plus de bailleurs délaissent le secteur au profit d’autres : 16 des 25 principaux donateurs du secteur de l’éducation n’ont rien donné ou ont réduit leurs dépenses antérieures en matière d’éducation préscolaire depuis l’introduction des ODD.

Aide distribuée au secteur de l’éducation, selon les sous-secteurs entre 2002 et 2017
Part de l’aide pour l’éducation selon les sous-secteurs, 2015 et 2017
Source : OECD-CRS 2019

2. Un accès limité et une éducation de mauvaise qualité

Une autre piste est l’accès limité à une éducation préscolaire de qualité. Lorsqu’il existe des programmes d’enseignement préscolaire dans les pays les plus pauvres, ces derniers sont souvent de qualité insuffisante. Cela présente alors un intérêt limité pour les enfants, qui sont face à des professeurs peu compétents ou encore à un programme inadapté.

3. Un système inégalitaire

Lorsque les pays débutent une stratégie de développement du secteur, ils veulent avoir des résultats rapides. Les actions entreprises touchent souvent, dans un premier temps, les enfants appartenant aux catégories les plus aisées. Cela renforce d’autant plus les inégalités de classe. Les enfants issus des catégories aisés ont 8 fois plus de chances de fréquenter une maternelle que les enfants appartenant aux catégories les plus vulnérables.

Ces politiques alimentent alors le cercle vicieux de la pauvreté. On observe même des écarts entre les riches et les pauvres encore plus élevés dans les pays à faibles revenus.

 

Pour en finir avec cette situation, voici quelques recommandations issues des rapports de l’UNICEF et Theirworld, à destination des bailleurs et des gouvernements :

  • Ils recommandent aux gouvernements et aux bailleurs de consacrer au moins 10% de leur budget éducation pour l’éducation préscolaire
  • Cibler en priorité les pays qui en ont le plus besoin, comme les pays à faibles revenus, les pays affectés par des conflits, ou encore les pays ayant un fort taux HIV/SIDA.
  • Au sein de ces pays, cibler les populations les plus vulnérables, comme les enfants pauvres, les filles, les groupes minoritaires, etc.
  • Renforcer les engagements dans les politiques de développement de l’éducation préscolaire
  • 1 professeur pour 20 enfants au maximum
  • Élaboration d’un cadre cohérent pour le suivi de la qualité des programmes scolaires par les ministères de l’éducation
  • Proposer des programmes d’enseignement gratuits

[1] Unicef, Un monde prêt à apprendre, avril 2019. 

[2] Theirworld, Leaving the youngest behind : Declining aid to early childhood education, avril 2019.